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La fin de la supériorité --

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 La fin de la supériorité -- Empty La fin de la supériorité --

Message par ledevois Dim 21 Oct - 13:00

il est vrai que l’arsenal nucléaire étasunien devient de plus en plus désuet, surtout si on le compare à l’arsenal russe, et oui, il est vrai que dans toute une famille de technologies, les Russes ont maintenant clairement plusieurs années d’avance sur les États-Unis. Mais non, cela ne signifie pas que la Russie pourrait s’en tirer avec une première frappe contre les États-Unis (tout comme, d’ailleurs, les États-Unis ne pourraient pas s’en tirer avec une première frappe contre la Russie). Les deux pays possèdent des capacités de projection d’ogives nucléaires plus que suffisantes, même si leurs forces étaient réduites de 90% dans une première frappe hypothétique de désarmement (frappe anti-force). Le but de l’avertissement de Poutine n’était pas du tout de menacer l’Occident ou de suggérer que la Russie pourrait réaliser une guerre nucléaire à son avantage, loin de là ! Tout d’abord, son discours était une nécessité de [i]psychothérapie publique. On pourrait dire que son intention était de forcer l’Empire à entrer enfin dans les trois phases suivantes, plus constructives, du deuil : le marchandage, la dépression et l’acceptation.[/i]


[i][i]Les dirigeants de l’Empire, avec leurs drones idéologiques décérébrés, vivent dans un monde complètement détaché de la réalité. C’est pourquoi Martianov écrit que les États-Unis [i]« persistent à résider dans une bulle qui les isole de toutes les voix raisonnables et de la paix extérieure » et que le discours de Poutine visait à « contraindre les élites d’Amérique sinon à la paix, du moins à une certaine forme de bon sens, étant donné qu’elles sont actuellement totalement détachées des réalités géopolitiques, militaires et économiques d’un nouveau monde émergent ».[/i]
[/i][/i]


Martianov explique :
« Les élites américaines au pouvoir, dont la majorité n’a jamais servi un seul jour sous l’uniforme, ni fréquenté des institutions universitaires militaires sérieuses, et dont l’expertise sur les questions de technologie militaire et géopolitique se limite à quelques séminaires sur les armes nucléaires et, dans le meilleur des cas, les efforts du Service de recherche du Congrès ne sont simplement pas aptes à saisir la complexité, la nature et l’usage de la force armée. Ils n’ont tout simplement aucun point de référence. Pourtant, en tant que produit de la culture pop-militaire américaine, aussi connue sous le nom de pornographie et de propagande militaire, ces gens – cette collection d’avocats, de ‘politologues’, de sociologues et de journalistes qui dominent la cuisine stratégique américaine, qui concoctent sans cesse des doctrines géopolitiques et militaires délirantes − peuvent comprendre une chose avec certitude, c’est que leurs pauvres chéris ont une cible dessinée dans le dos ou sur le front. »
Le fait que, dans le monde réel, ces élites aient une cible peinte sur le dos depuis des décennies ne change pas le fait qu’elles sont aussi parvenues à se convaincre qu’elles pourraient effacer cette cible en se retirant du Traité ABM et en encerclant la Russie avec des missiles. Le fait que certains politiciens étasuniens se soient rendu compte, du moins dans leur esprit, que les systèmes ABM ne protégeraient jamais vraiment les États-Unis d’une contre-attaque russe n’avait pas vraiment d’importance parce qu’il y avait des facteurs psychologiques américains spécifiques qui rendaient l’idée d’un système ABM irrésistiblement attrayante :
1) Un système ABM promettait l’impunité aux États-Unis : avec la supériorité militaire, l’impunité est un des grands mythes américains (comme analysé ici). De Reagan, avec ces« armes qui tueront les armes » à la crise actuelle en Corée, les Américains ont toujours aspiré à l’impunité pour leurs actions à l’étranger : noyer tous les pays dans un océan de feu, de crimes et de désordre tant que notre « patrie » reste la citadelle intouchable et sacro-sainte. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les Américains ont tué des millions de gens à l’étranger, mais lorsque le 11 septembre est arrivé − peu importe que ce soit, à l’évidence, un attentat sous fausse bannière, le pays a subi quelque chose comme un choc clinique à cause de la perte d’environ trois mille civils innocents. Les armes nucléaires soviétiques, et plus tard russes, promettaient de faire des dizaines de millions de morts si l’URSS/la Russie était attaquée et c’est pourquoi le conte de fées du « bouclier » antimissile était si séduisant même s’il n’était, technologiquement parlant, qu’une chimère (la« guerre des étoiles » de Reagan) ou un système extrêmement limité capable d’arrêter tout au plus quelques missiles (le système ABM actuel en Europe). Encore une fois, les faits n’ont aucune importance, du moins pas dans la politique américaine ou dans la psyché collective des États-Unis.
2) Un système ABM promettait un immense bonus financier pour le complexe militaro-industriel étasunien, formidablement corrompu, pour lequel travaillent des millions d’Américains et qui rend beaucoup d’entre eux formidablement riches. Franchement, je soupçonne que beaucoup de gens (la plupart ?) impliqués dans les programmes ABM ont parfaitement réalisé que c’était une perte de temps, mais tant que leurs comptes en banque étaient pleins, ils ne s’en souciaient tout simplement pas : hé, ils me paient – je prends !
3) La culture militaire américaine n’a jamais mis beaucoup d’accent sur le courage personnel ou le sacrifice de soi (pour des raisons évidentes). Les diverses versions du conte de fées ABM permettent aux Américains de croire que la prochaine guerre serait livrée surtout en pressant des boutons et en utilisant des ordinateurs. Et si de vraies bombes commencent à tomber, faisons-les tomber ailleurs, de préférence sur quelque peuple bronzé, et lointain… enfin, qui ne sont pas aussi précieux pour Dieu et l’humanité que nous, la « nation blanche indispensable ».

Ajoutez à cela une croyance quasi-religieuse (un dogme, vraiment) dans le mythe de la supériorité technologique américaine et vous comprendrez que les dirigeants russes ont commencé à intégrer l’idée que leurs homologues étasuniens oubliaient progressivement qu’ils avaient une cible peinte dans le dos.
 Donc ce que Poutine a fait, c’est simplement d’en remettre quelques couches, mais différentes, uniquement pour s’assurer que les dirigeants étasuniens reviennent à la réalité.
suite ---https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-fin-de-la-superiorite-202502


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