Adieu aux armes
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Adieu aux armes
Nous étions gelés. Le froid était tombé sur nos uniformes et nos redingotes trempés par la pluie. Les pieds dans la boue, dévorés par la vermine, on se raccrochait aux lettres que l'on recevait, faibles rayons de lumière qui parvenaient à percer dans ce monde de ténèbres. Je parcourais des yeux le dessin que mon petit Antonin m'avait envoyé pour Noël. La silhouette d'un homme seul, comme perdu dans le paysage. Au dessus de lui, une étoile à douze branches. Une étoile qui le regarde et qui sourit. Je levai la tête et je vis des myriades d'étoiles qui scintillaient sans se soucier de notre folie. Elles continueraient leur course dans l'univers bien longtemps après que nos pauvres corps aient été emportés par ce déluge d'acier en fusion. Nous avions tous du sang sur les mains et le diable, en nous accueillant, allait devoir faire preuve d'imagination pour nous montrer un enfer plus terrible que celui-là.
Notre artillerie s'est mise à pilonner les lignes allemandes. La terre a tremblé. Nous étions pétrifiés.
Puis, le silence est retombé. Nous avons recommencé à sentir le froid. Soudain le téléphone a sonné. L'officier a sifflé la charge et il a bien fallu y aller, la peur au ventre. Henri courait à mes côtés. Une balle l'a touché et il est tombé en avant, dans la boue. Je suis resté un instant sans bouger, puis j'ai repris ma course. Pas longtemps. La dernière chose que je me souviens avoir vue est la lueur d'une mitrailleuse en face de moi. Ensuite j'ai quitté mon enveloppe et j'ai flotté au dessus des tranchées de misère. Quand tout s'est arrêté, les brancardiers ont ramassé mon corps sans visage.
On m'a enterré à Paris, au centre d'une étoile à douze branches. Antonin ne le sait pas. Personne ne sait où je suis vraiment. Tous les soirs, on ravive la flamme éternelle devant mon épitaphe « ici repose un soldat français mort pour la patrie — 1914 - 1918 ». Elle brûle pour nous, pour nos larmes, pour notre sang versé. Elle nous réchauffe enfin.
Notre artillerie s'est mise à pilonner les lignes allemandes. La terre a tremblé. Nous étions pétrifiés.
Puis, le silence est retombé. Nous avons recommencé à sentir le froid. Soudain le téléphone a sonné. L'officier a sifflé la charge et il a bien fallu y aller, la peur au ventre. Henri courait à mes côtés. Une balle l'a touché et il est tombé en avant, dans la boue. Je suis resté un instant sans bouger, puis j'ai repris ma course. Pas longtemps. La dernière chose que je me souviens avoir vue est la lueur d'une mitrailleuse en face de moi. Ensuite j'ai quitté mon enveloppe et j'ai flotté au dessus des tranchées de misère. Quand tout s'est arrêté, les brancardiers ont ramassé mon corps sans visage.
On m'a enterré à Paris, au centre d'une étoile à douze branches. Antonin ne le sait pas. Personne ne sait où je suis vraiment. Tous les soirs, on ravive la flamme éternelle devant mon épitaphe « ici repose un soldat français mort pour la patrie — 1914 - 1918 ». Elle brûle pour nous, pour nos larmes, pour notre sang versé. Elle nous réchauffe enfin.
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Re: Adieu aux armes
Zerbinette a écrit:Nous étions gelés. Le froid était tombé sur nos uniformes et nos redingotes trempés par la pluie. Les pieds dans la boue, dévorés par la vermine, on se raccrochait aux lettres que l'on recevait, faibles rayons de lumière qui parvenaient à percer dans ce monde de ténèbres. Je parcourais des yeux le dessin que mon petit Antonin m'avait envoyé pour Noël. La silhouette d'un homme seul, comme perdu dans le paysage. Au dessus de lui, une étoile à douze branches. Une étoile qui le regarde et qui sourit. Je levai la tête et je vis des myriades d'étoiles qui scintillaient sans se soucier de notre folie. Elles continueraient leur course dans l'univers bien longtemps après que nos pauvres corps aient été emportés par ce déluge d'acier en fusion. Nous avions tous du sang sur les mains et le diable, en nous accueillant, allait devoir faire preuve d'imagination pour nous montrer un enfer plus terrible que celui-là.
Notre artillerie s'est mise à pilonner les lignes allemandes. La terre a tremblé. Nous étions pétrifiés.
Puis, le silence est retombé. Nous avons recommencé à sentir le froid. Soudain le téléphone a sonné. L'officier a sifflé la charge et il a bien fallu y aller, la peur au ventre. Henri courait à mes côtés. Une balle l'a touché et il est tombé en avant, dans la boue. Je suis resté un instant sans bouger, puis j'ai repris ma course. Pas longtemps. La dernière chose que je me souviens avoir vue est la lueur d'une mitrailleuse en face de moi. Ensuite j'ai quitté mon enveloppe et j'ai flotté au dessus des tranchées de misère. Quand tout s'est arrêté, les brancardiers ont ramassé mon corps sans visage.
On m'a enterré à Paris, au centre d'une étoile à douze branches. Antonin ne le sait pas. Personne ne sait où je suis vraiment. Tous les soirs, on ravive la flamme éternelle devant mon épitaphe « ici repose un soldat français mort pour la patrie — 1914 - 1918 ». Elle brûle pour nous, pour nos larmes, pour notre sang versé. Elle nous réchauffe enfin.
Faut dire ça aux zonards que vous enseignants avez formés --
Que peut on dire d'autre que la flamme et l'arc de triomphe à été protégé par les gilets jaunes -- les images le prouve -
Notre vie est un voyage constant, de la naissance à la mort, le paysage change, les gens changent, les besoins se transforment, mais le train continue. La vie, c'est le train, ce n'est pas la gare.
ledevois- Messages : 21434
Date d'inscription : 03/07/2017
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Re: Adieu aux armes
Je serais donc une enseignante qui lavait le charbon...........
Tu crois pas que tu fatigues........
Tu crois pas que tu fatigues........
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Re: Adieu aux armes
Zerbinette a écrit:Je serais donc une enseignante qui lavait le charbon...........
Tu crois pas que tu fatigues........
Si tu étais plus jeune je pourrais te fatiguer la zerbi zerbinette -
Notre vie est un voyage constant, de la naissance à la mort, le paysage change, les gens changent, les besoins se transforment, mais le train continue. La vie, c'est le train, ce n'est pas la gare.
ledevois- Messages : 21434
Date d'inscription : 03/07/2017
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Re: Adieu aux armes
Zerbinette a écrit:Qui sont les nouveaux pseudos qui débarquent........
Ca vient d'autres forums --
Notre vie est un voyage constant, de la naissance à la mort, le paysage change, les gens changent, les besoins se transforment, mais le train continue. La vie, c'est le train, ce n'est pas la gare.
ledevois- Messages : 21434
Date d'inscription : 03/07/2017
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Re: Adieu aux armes
tu l´as connait zerbi, françaiseZerbinette a écrit:Qui sont les nouveaux pseudos qui débarquent........
Invité- Invité
Re: Adieu aux armes
Nadja a écrit:C'est liliane !
C'est sa façon d'écrire --
Notre vie est un voyage constant, de la naissance à la mort, le paysage change, les gens changent, les besoins se transforment, mais le train continue. La vie, c'est le train, ce n'est pas la gare.
ledevois- Messages : 21434
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