Quand les démagogues minent l'Europe de l'intérieur......
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Quand les démagogues minent l'Europe de l'intérieur......
Quand les démagogues minent l'Europe de l'intérieur
Par Jean Quatremer, Correspondant à Bruxelles — 23 septembre 2018 à 14:54
Le ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, lors d'une conférence de presse à Vienne le 14 septembre après un sommet réunissant ses homologues européens. Photo Herbert Neubauer. AFP
En s'affranchissant délibérément des règles communes, les dirigeants les plus populistes sapent les bases de la confiance dans l'Union.
Le Brexit a démonté le principal argument des europhobes : l’UE n’est pas l’UERSS. Si cela avait été le cas, elle aurait envoyé ses armées (qu’elle n’a d’ailleurs pas, ce n’est pas un hasard) pour rétablir l’ordre à Londres… L’Union, c’est sa spécificité, est une confédération volontaire d’Etats qui restent libres de la quitter à tout instant. Tout le système institutionnel communautaire repose donc sur le respect de la parole donnée et l’application volontaire des normes décidées en commun. C’est ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse. Car les démagogues de tout poil ont commencé à l’attaquer de l’intérieur, minant un peu plus chaque jour sa crédibilité.
Le dernier épisode révélateur de cette lente dégradation est la diffusion d’un incident ayant opposé le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, au ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, lors d’un sommet UE-Afrique organisé à Vienne à la mi-septembre. Alors que la réunion était à huis clos, l’un des conseillers du ministre d’extrême droite a filmé son intervention sur la politique migratoire saisissant au passage la colère d’Asselborn qui l’a interrompu en clôturant ses propos d’un sonore «merde alors !». La séquence a aussitôt été diffusée sur le compte Twitter de Salvini. «Qu’est-ce qui est désormais à huis clos et qu’est-ce qui ne l’est pas ?» s’interroge un diplomate français.
Salvini n’est pas le premier à rompre la confidentialité des débats entre Etats : le Grec Yanis Varoufakis, éphémère ministre des Finances entre janvier et juillet 2015, avait déjà rompu avec la bienséance européenne en enregistrant les réunions de l’Eurogroupe, l’enceinte où siègent les ministres des Finances de la zone euro, avant d’en faire un livre (Conversations entre adultes, éditions Les liens qui libèrent)… «Comment se faire confiance, comment se dire les choses franchement, ce qui est la base même du fonctionnement de l’Union, si tout se retrouve dans les médias ?» poursuit le diplomate déjà cité. Or sans confiance, pas de compromis possible.
Mais il y a plus grave : «Il est entendu depuis toujours que tout ce qui est décidé par le Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement s’impose à tout le monde, rappelle un diplomate européen. Ce n’est désormais plus vrai : ainsi, dès le lendemain du sommet de juin sur la politique migratoire, la Hongrie a dit qu’elle ne se sentait pas tenue par les décisions du Conseil. C’est une remise en cause directe de la règle du jeu.»
Les démocraties illibérales d’Europe de l’Est n’hésitent pas non plus à refuser d’appliquer les arrêts de la Cour de justice européenne, par exemple sur la relocalisation obligatoire des demandeurs d’asile. L’Italie, désormais gouvernée par l’extrême droite de la Ligue et le mouvement démagogique M5S, a fait un pas supplémentaire en menaçant de ne plus payer sa contribution au budget communautaire si elle n’obtient pas satisfaction sur les dossiers qui l’intéressent. Autant dire que c’est tout l’édifice européen qui se fissure non pas à coup «d’exit», mais par désaffection de ses principaux acteurs, les Etats.
Jean Quatremer Correspondant à Bruxelles
Par Jean Quatremer, Correspondant à Bruxelles — 23 septembre 2018 à 14:54
Le ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, lors d'une conférence de presse à Vienne le 14 septembre après un sommet réunissant ses homologues européens. Photo Herbert Neubauer. AFP
En s'affranchissant délibérément des règles communes, les dirigeants les plus populistes sapent les bases de la confiance dans l'Union.
Le Brexit a démonté le principal argument des europhobes : l’UE n’est pas l’UERSS. Si cela avait été le cas, elle aurait envoyé ses armées (qu’elle n’a d’ailleurs pas, ce n’est pas un hasard) pour rétablir l’ordre à Londres… L’Union, c’est sa spécificité, est une confédération volontaire d’Etats qui restent libres de la quitter à tout instant. Tout le système institutionnel communautaire repose donc sur le respect de la parole donnée et l’application volontaire des normes décidées en commun. C’est ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse. Car les démagogues de tout poil ont commencé à l’attaquer de l’intérieur, minant un peu plus chaque jour sa crédibilité.
Le dernier épisode révélateur de cette lente dégradation est la diffusion d’un incident ayant opposé le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, au ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, lors d’un sommet UE-Afrique organisé à Vienne à la mi-septembre. Alors que la réunion était à huis clos, l’un des conseillers du ministre d’extrême droite a filmé son intervention sur la politique migratoire saisissant au passage la colère d’Asselborn qui l’a interrompu en clôturant ses propos d’un sonore «merde alors !». La séquence a aussitôt été diffusée sur le compte Twitter de Salvini. «Qu’est-ce qui est désormais à huis clos et qu’est-ce qui ne l’est pas ?» s’interroge un diplomate français.
Salvini n’est pas le premier à rompre la confidentialité des débats entre Etats : le Grec Yanis Varoufakis, éphémère ministre des Finances entre janvier et juillet 2015, avait déjà rompu avec la bienséance européenne en enregistrant les réunions de l’Eurogroupe, l’enceinte où siègent les ministres des Finances de la zone euro, avant d’en faire un livre (Conversations entre adultes, éditions Les liens qui libèrent)… «Comment se faire confiance, comment se dire les choses franchement, ce qui est la base même du fonctionnement de l’Union, si tout se retrouve dans les médias ?» poursuit le diplomate déjà cité. Or sans confiance, pas de compromis possible.
Mais il y a plus grave : «Il est entendu depuis toujours que tout ce qui est décidé par le Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement s’impose à tout le monde, rappelle un diplomate européen. Ce n’est désormais plus vrai : ainsi, dès le lendemain du sommet de juin sur la politique migratoire, la Hongrie a dit qu’elle ne se sentait pas tenue par les décisions du Conseil. C’est une remise en cause directe de la règle du jeu.»
Les démocraties illibérales d’Europe de l’Est n’hésitent pas non plus à refuser d’appliquer les arrêts de la Cour de justice européenne, par exemple sur la relocalisation obligatoire des demandeurs d’asile. L’Italie, désormais gouvernée par l’extrême droite de la Ligue et le mouvement démagogique M5S, a fait un pas supplémentaire en menaçant de ne plus payer sa contribution au budget communautaire si elle n’obtient pas satisfaction sur les dossiers qui l’intéressent. Autant dire que c’est tout l’édifice européen qui se fissure non pas à coup «d’exit», mais par désaffection de ses principaux acteurs, les Etats.
Jean Quatremer Correspondant à Bruxelles
Invité- Invité
Re: Quand les démagogues minent l'Europe de l'intérieur......
Zerbinette a écrit:Quand les démagogues minent l'Europe de l'intérieur
Par Jean Quatremer, Correspondant à Bruxelles — 23 septembre 2018 à 14:54
Le ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, lors d'une conférence de presse à Vienne le 14 septembre après un sommet réunissant ses homologues européens. Photo Herbert Neubauer. AFP
En s'affranchissant délibérément des règles communes, les dirigeants les plus populistes sapent les bases de la confiance dans l'Union.
Le Brexit a démonté le principal argument des europhobes : l’UE n’est pas l’UERSS. Si cela avait été le cas, elle aurait envoyé ses armées (qu’elle n’a d’ailleurs pas, ce n’est pas un hasard) pour rétablir l’ordre à Londres… L’Union, c’est sa spécificité, est une confédération volontaire d’Etats qui restent libres de la quitter à tout instant. Tout le système institutionnel communautaire repose donc sur le respect de la parole donnée et l’application volontaire des normes décidées en commun. C’est ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse. Car les démagogues de tout poil ont commencé à l’attaquer de l’intérieur, minant un peu plus chaque jour sa crédibilité.
Le dernier épisode révélateur de cette lente dégradation est la diffusion d’un incident ayant opposé le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, au ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, lors d’un sommet UE-Afrique organisé à Vienne à la mi-septembre. Alors que la réunion était à huis clos, l’un des conseillers du ministre d’extrême droite a filmé son intervention sur la politique migratoire saisissant au passage la colère d’Asselborn qui l’a interrompu en clôturant ses propos d’un sonore «merde alors !». La séquence a aussitôt été diffusée sur le compte Twitter de Salvini. «Qu’est-ce qui est désormais à huis clos et qu’est-ce qui ne l’est pas ?» s’interroge un diplomate français.
Salvini n’est pas le premier à rompre la confidentialité des débats entre Etats : le Grec Yanis Varoufakis, éphémère ministre des Finances entre janvier et juillet 2015, avait déjà rompu avec la bienséance européenne en enregistrant les réunions de l’Eurogroupe, l’enceinte où siègent les ministres des Finances de la zone euro, avant d’en faire un livre (Conversations entre adultes, éditions Les liens qui libèrent)… «Comment se faire confiance, comment se dire les choses franchement, ce qui est la base même du fonctionnement de l’Union, si tout se retrouve dans les médias ?» poursuit le diplomate déjà cité. Or sans confiance, pas de compromis possible.
Mais il y a plus grave : «Il est entendu depuis toujours que tout ce qui est décidé par le Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement s’impose à tout le monde, rappelle un diplomate européen. Ce n’est désormais plus vrai : ainsi, dès le lendemain du sommet de juin sur la politique migratoire, la Hongrie a dit qu’elle ne se sentait pas tenue par les décisions du Conseil. C’est une remise en cause directe de la règle du jeu.»
Les démocraties illibérales d’Europe de l’Est n’hésitent pas non plus à refuser d’appliquer les arrêts de la Cour de justice européenne, par exemple sur la relocalisation obligatoire des demandeurs d’asile. L’Italie, désormais gouvernée par l’extrême droite de la Ligue et le mouvement démagogique M5S, a fait un pas supplémentaire en menaçant de ne plus payer sa contribution au budget communautaire si elle n’obtient pas satisfaction sur les dossiers qui l’intéressent. Autant dire que c’est tout l’édifice européen qui se fissure non pas à coup «d’exit», mais par désaffection de ses principaux acteurs, les Etats.
Jean Quatremer Correspondant à Bruxelles
Si l'Europe se fissure n'aller pas chercher des responsables dans le peuple ---
Notre vie est un voyage constant, de la naissance à la mort, le paysage change, les gens changent, les besoins se transforment, mais le train continue. La vie, c'est le train, ce n'est pas la gare.
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Re: Quand les démagogues minent l'Europe de l'intérieur......
En effetledevois a écrit:Zerbinette a écrit:Quand les démagogues minent l'Europe de l'intérieur
Par Jean Quatremer, Correspondant à Bruxelles — 23 septembre 2018 à 14:54
Le ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, lors d'une conférence de presse à Vienne le 14 septembre après un sommet réunissant ses homologues européens. Photo Herbert Neubauer. AFP
En s'affranchissant délibérément des règles communes, les dirigeants les plus populistes sapent les bases de la confiance dans l'Union.
Le Brexit a démonté le principal argument des europhobes : l’UE n’est pas l’UERSS. Si cela avait été le cas, elle aurait envoyé ses armées (qu’elle n’a d’ailleurs pas, ce n’est pas un hasard) pour rétablir l’ordre à Londres… L’Union, c’est sa spécificité, est une confédération volontaire d’Etats qui restent libres de la quitter à tout instant. Tout le système institutionnel communautaire repose donc sur le respect de la parole donnée et l’application volontaire des normes décidées en commun. C’est ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse. Car les démagogues de tout poil ont commencé à l’attaquer de l’intérieur, minant un peu plus chaque jour sa crédibilité.
Le dernier épisode révélateur de cette lente dégradation est la diffusion d’un incident ayant opposé le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, au ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, lors d’un sommet UE-Afrique organisé à Vienne à la mi-septembre. Alors que la réunion était à huis clos, l’un des conseillers du ministre d’extrême droite a filmé son intervention sur la politique migratoire saisissant au passage la colère d’Asselborn qui l’a interrompu en clôturant ses propos d’un sonore «merde alors !». La séquence a aussitôt été diffusée sur le compte Twitter de Salvini. «Qu’est-ce qui est désormais à huis clos et qu’est-ce qui ne l’est pas ?» s’interroge un diplomate français.
Salvini n’est pas le premier à rompre la confidentialité des débats entre Etats : le Grec Yanis Varoufakis, éphémère ministre des Finances entre janvier et juillet 2015, avait déjà rompu avec la bienséance européenne en enregistrant les réunions de l’Eurogroupe, l’enceinte où siègent les ministres des Finances de la zone euro, avant d’en faire un livre (Conversations entre adultes, éditions Les liens qui libèrent)… «Comment se faire confiance, comment se dire les choses franchement, ce qui est la base même du fonctionnement de l’Union, si tout se retrouve dans les médias ?» poursuit le diplomate déjà cité. Or sans confiance, pas de compromis possible.
Mais il y a plus grave : «Il est entendu depuis toujours que tout ce qui est décidé par le Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement s’impose à tout le monde, rappelle un diplomate européen. Ce n’est désormais plus vrai : ainsi, dès le lendemain du sommet de juin sur la politique migratoire, la Hongrie a dit qu’elle ne se sentait pas tenue par les décisions du Conseil. C’est une remise en cause directe de la règle du jeu.»
Les démocraties illibérales d’Europe de l’Est n’hésitent pas non plus à refuser d’appliquer les arrêts de la Cour de justice européenne, par exemple sur la relocalisation obligatoire des demandeurs d’asile. L’Italie, désormais gouvernée par l’extrême droite de la Ligue et le mouvement démagogique M5S, a fait un pas supplémentaire en menaçant de ne plus payer sa contribution au budget communautaire si elle n’obtient pas satisfaction sur les dossiers qui l’intéressent. Autant dire que c’est tout l’édifice européen qui se fissure non pas à coup «d’exit», mais par désaffection de ses principaux acteurs, les Etats.
Jean Quatremer Correspondant à Bruxelles
Si l'Europe se fissure n'aller pas chercher des responsables dans le peuple ---
"En s'affranchissant délibérément des règles communes, les dirigeants les plus populistes sapent les bases de la confiance dans l'Union." est une monumentale connerie puisque c'est l'inverse: c'est l'absence de confiance dans l'UE qui a permis aux "populistes " de prendre le pouvoir.
Ce mec met la charrue avant les boeufs.
Ca fait 13 ans que le peuple à dit "NON" à cette UE-là. Les eurocrates qui continuent depuis comme si de rien n'était ne devaient pas s'étonner du mécontentement , cette UE c'est leur truc à eux , pas celui des peuples.
J'ai voté Oui à Maastricht mais si cette UE se casse la gueule "minée de l'intérieur" je ne bougerai pas le petit doigt pour la défendre, c'est bien fait pour elle.
Diviciac- Messages : 43162
Date d'inscription : 02/07/2017
Localisation : IdF et Morvan
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