Non ce n'est pas Benalla
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Non ce n'est pas Benalla
Un homme de confiance qui s’est rendu indispensable pendant la campagne. Un chargé de mission à l’Elysée logé quai Branly, aux fonctions floues, qui se mêle de la sécurité du chef de l’Etat, irritant forces de l’ordre et ministre de l’Intérieur. Alexandre Benalla ? Vous n’y êtes pas, c’est plus ancien.
« Parfois, dans l’intimité des arrière-salles de meeting ou des petits hôtels, lorsqu’on se change à la va-vite, les sabras socialistes admirent sa silhouette parfaite et son torse musclé. Il s’astreint chaque jour à une cinquantaine de pompes et autant d’abdominaux. Se soumet à d’épuisantes séances d’entraînement contre un sac de sable, en salle de boxe (...). «Vous serez à mes côtés, bien sûr », avait réclamé le candidat. Maintenant qu’il est président, le rêve peut s’accomplir.
« Cet homme est un jaloux. Il veut toujours qu’on le distingue (...). Au Journal officiel, il a donc subtilement préféré aux titres ronflants le flou réservé aux proches conseillers de l’ombre : « chargé de mission auprès du Président de la République ». Autant dire, a-t-il aimablement décrypté pour les novices, en charge des services secrets (...). Il a aussi exigé un port d’arme personnel.
« Ses airs de conspirateur, sa façon de terminer ses phrases sur des points de suspension plein de sous-entendus, impressionnent bien un peu. Comment ne pas l’être lorsque le chargé de mission dont on dit qu’il est chargé « des problèmes de la sécurité et des dossiers sensibles » vous appelle, sur le téléphone interministériel : « Allo ? Mon petit ? Vous êtes seul ? Ecoutez, je voudrais vous parler de quelque chose… C’est un peu compliqué… Bon, je vous rappellerai… » Mais au bout de quelques mois, les collaborateurs de l’Elysée se sont aperçus qu’ils n’étaient pas les seuls à recevoir ces coups de fil mystérieux, sans suite le plus souvent. Ils en plaisantent un peu. Mais on baisse tout de même la voix quand on passe devant son antichambre.
« [Le gendarme] est un habitué des missions les plus difficiles. Mais il ne s’attendait pas à être traité de façon si cassante. Le conseiller du président l’accueille sèchement en lui remettant un document confidentiel de vingt pages réalisé par la DGSE : « Etude de vulnérabilité du chef de l’Etat ». « Installez-vous dans le petit salon à côté. Lisez cela en un quart d’heure et dites-moi ce que vous en pensez », a-t-il ordonné, soucieux de montrer son sens du commandement à un militaire. Le commandant a donc lu. Le manque d’effectifs, l’insuffisance des contrôles… « Vous l’avez compris, lance[-t-il], il s’agit maintenant de créer une unité de protection du président de la République ».
Faux départ. « [Le ministre de l’Intérieur] se méfie de tout. Du GIGN qu’il voudrait bien voir dissoudre. Des vieux amis du président qui prennent trop de libertés. De sa propre police (...). Lorsqu[’il] lui téléphone deux fois par jour, « sans doute parce que je ne réalise pas suffisamment son importance », soupire-t-il, pince-sans-rire, il le rappelle rarement. Mais enfin, un jour, à bout de patience, il est allé voir [le président] : « Pouvez-vous me dire qui, de [lui] ou de moi, est ministre de l’Intérieur ? »
« [Le président] a accepté avec soulagement [sa] démission, mais ne l’a obligé à quitter ni l’Elysée, ni l’appartement du quai Branly (...). Au retour des vacances, il est donc revenu tout naturellement à l’Elysée. Son bureau n’avait pas été touché. Le directeur de cabinet aurait bien voulu au moins le faire déménager un peu plus loin. Mais [le président] a été ferme : « S’il veut rester, qu’il reste ». »
Raphaëlle Bacqué, Le Dernier mort de Mitterrand (Grasset-Albin Michel, 2010). « Il » est François de Grossouvre, qui se suicidera par arme à feu en 1994 dans son bureau élyséen. « Le président » est François Mitterrand, « le gendarme » Christian Prouteau, « le ministre de l’Intérieur » Pierre Joxe.
Olivier Auguste dans l'Opinion
« Parfois, dans l’intimité des arrière-salles de meeting ou des petits hôtels, lorsqu’on se change à la va-vite, les sabras socialistes admirent sa silhouette parfaite et son torse musclé. Il s’astreint chaque jour à une cinquantaine de pompes et autant d’abdominaux. Se soumet à d’épuisantes séances d’entraînement contre un sac de sable, en salle de boxe (...). «Vous serez à mes côtés, bien sûr », avait réclamé le candidat. Maintenant qu’il est président, le rêve peut s’accomplir.
« Cet homme est un jaloux. Il veut toujours qu’on le distingue (...). Au Journal officiel, il a donc subtilement préféré aux titres ronflants le flou réservé aux proches conseillers de l’ombre : « chargé de mission auprès du Président de la République ». Autant dire, a-t-il aimablement décrypté pour les novices, en charge des services secrets (...). Il a aussi exigé un port d’arme personnel.
« Ses airs de conspirateur, sa façon de terminer ses phrases sur des points de suspension plein de sous-entendus, impressionnent bien un peu. Comment ne pas l’être lorsque le chargé de mission dont on dit qu’il est chargé « des problèmes de la sécurité et des dossiers sensibles » vous appelle, sur le téléphone interministériel : « Allo ? Mon petit ? Vous êtes seul ? Ecoutez, je voudrais vous parler de quelque chose… C’est un peu compliqué… Bon, je vous rappellerai… » Mais au bout de quelques mois, les collaborateurs de l’Elysée se sont aperçus qu’ils n’étaient pas les seuls à recevoir ces coups de fil mystérieux, sans suite le plus souvent. Ils en plaisantent un peu. Mais on baisse tout de même la voix quand on passe devant son antichambre.
« [Le gendarme] est un habitué des missions les plus difficiles. Mais il ne s’attendait pas à être traité de façon si cassante. Le conseiller du président l’accueille sèchement en lui remettant un document confidentiel de vingt pages réalisé par la DGSE : « Etude de vulnérabilité du chef de l’Etat ». « Installez-vous dans le petit salon à côté. Lisez cela en un quart d’heure et dites-moi ce que vous en pensez », a-t-il ordonné, soucieux de montrer son sens du commandement à un militaire. Le commandant a donc lu. Le manque d’effectifs, l’insuffisance des contrôles… « Vous l’avez compris, lance[-t-il], il s’agit maintenant de créer une unité de protection du président de la République ».
Faux départ. « [Le ministre de l’Intérieur] se méfie de tout. Du GIGN qu’il voudrait bien voir dissoudre. Des vieux amis du président qui prennent trop de libertés. De sa propre police (...). Lorsqu[’il] lui téléphone deux fois par jour, « sans doute parce que je ne réalise pas suffisamment son importance », soupire-t-il, pince-sans-rire, il le rappelle rarement. Mais enfin, un jour, à bout de patience, il est allé voir [le président] : « Pouvez-vous me dire qui, de [lui] ou de moi, est ministre de l’Intérieur ? »
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