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Le lent déclin de la puissance française en Europe

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Le lent déclin de la puissance française en Europe Empty Le lent déclin de la puissance française en Europe

Message par ledevois Jeu 4 Juil - 20:29

Le lent déclin de la puissance française en Europe



Laurent Chalard est géographe à l’European Centre for International Affairs. Retrouvez-le sur son blog personnel.



La politique européenne s’avère être un échec cuisant, la puissance française ayant reculé dans tous les domaines

Alors que l’Union européenne vient de connaître une énième crise politique, dont elle a le secret,concernant la nomination de ses nouveaux dirigeants, il convient de s’interroger sur l’apport de cette institution au poids de la France sur l’échiquier international par rapport aux objectifs qui avaient été fixés par les responsables politiques hexagonaux à ses débuts dans les années 1950-60. En effet, selon la vision géopolitique du général De Gaulle, ce qui s’appelait alors la Communauté économique européenne (CEE) - excluant (déjà!) les Britanniques - devait être le moyen permettant à la France de garder son statut de puissance mondiale dans un contexte de Guerre froide, où notre pays ne pouvait désormais plus être perçu comme l’égal des deux superpuissances du moment qu’étaient les États-Unis et l’URSS. Dans ce cadre, le nouvel organisme supranational était censé devenir une France en plus grand, c’est-à-dire que la France devait en exercer le leadership politique, la RFA ayant le statut d’État vaincu. Cet organisme devait ainsi conduire au renforcement du poids de l’hexagone dans le monde. D’une certaine manière, c’était l’accomplissement du rêve napoléonien. Cependant, 60 ans après, cette politique s’avère un échec cuisant par rapport aux objectifs affichés, la puissance française ayant reculé, plus ou moins fortement, dans tous les domaines.
Sur le plan économique, la France n’a jamais su imposer son modèle original, mélange d’étatisme et de capitalisme, ni ses idées (en avait-elle d’ailleurs?) au reste de l’Europe. Au contraire, c’est tout l’inverse qui s’est produit. Dans les années 1980, les Britanniques, récemment entrés dans la CEE, ont intelligemment présenté leur modèle d’ultra-libéralisme, engagé sous la houlette de Margaret Thatcher, comme la seule solution à la crise économique qui a émergé suite aux chocs pétroliers de la décennie précédente, conduisant à la montée du chômage de masse. Le comble est que c’est un français, Jacques Delors, Président de la Commission entre 1985 et 1995, qui entérinera cette politique économique, ô combien douloureuse pour les catégories populaires européennes, et dont l’effet boomerang se fait sentir aujourd’hui à travers le triomphe des partis populistes, à commencer par le pays d’où est parti le mouvement. Puis, à partir des années 1990 et la mise en place de la monnaie unique, ce sont les Allemands - chez qui la Banque centrale européenne s’est implantée - qui se sont emparés de sa gouvernance économique, faisant la promotion d’une politique de rigueur budgétaire et plus globalement d’un modèle de développement correspondant à leurs intérêts de puissance industrielle exportatrice. En conséquence, la France a perdu la bataille économique, se voyant obligée de suivre des directives imaginées ailleurs.

L’Europe a plus conduit à un rapetissement de la culture française qu’à son extension.

Sur le plan culturel, la situation n’est guère plus brillante qu’au niveau économique. Le symbole le plus fort du recul français concerne le domaine linguistique, élément moteur de la puissance d’un État. Alors que le nombre de locuteurs francophones dans l’Union Européenne est le plus important après les germanophones, l’anglais - qui n’est parlé dans aucun pays fondateur de l’Union européenne - est devenu la lingua franca, ce qui paraît un comble à l’heure du Brexit. Les pays qui utilisaient le français comme principale langue de communication de leurs diplomates à l’échelle internationale, c’est-à-dire l’Europe latine, ont tous basculé vers l’anglais - langue devenue dominante de manière écrasante à Bruxelles - le français se portant probablement mieux à l’ONU, grâce à l’Afrique francophone, que sur le vieux continent! Pire, la langue de Molière est en déroute dans la partie flamande de la Belgique, où l’anglais est désormais plus parlé que le français chez les jeunes générations, montrant l’ampleur de son déclassement linguistique. Plus globalement la culture anglo-saxonne s’est imposée partout, la culture française ne s’étant nullement répandue dans les autres pays. Par exemple, le cinéma français reste très hexagonal et ne concurrence guère Hollywood dans les autres pays de l’Union. L’Europe a donc plutôt conduit à un rapetissement de la culture française qu’à son extension.

La crise concernant la nomination des dirigeants européens ne fait que confirmer que la France n’assure pas de réel commandement

Sur le plan politique, là aussi, on ne peut dire que les résultats soient à la hauteur. Du fait de l’élargissement de l’Union européenne au fur et à mesure du temps, le poids de la France s’est (logiquement) amenuisé, d’où une contestation de plus en plus insistante de son hégémonie. Si dans le contexte de la petite CEE d’origine post-seconde Guerre mondiale, la France pouvait agir plus ou moins selon son bon vouloir, ce n’est désormais plus le cas. Toute volonté d’orienter les décisions est perçue par les autres États comme de l’arrogance, en particulier en Europe orientale, où l’héritage de la domination soviétique entraîne une méfiance systématique vis-à-vis de tout État souhaitant imposer ses vues aux autres. En outre, suite à la réunification et à la montée en puissance économique de l’Allemagne, ce dernier pays s’affirme de plus en plus sur le plan politique, ne prétendant plus laisser la France agir à sa guise. On l’a bien vu à l’occasion de la crise des migrants en 2015, où Angela Merkel - profitant d’un Président français falot, François Hollande - a choisi unilatéralement d’accueillir les réfugiés syriens sans réfléchir aux conséquences pour ses voisins. La crise qui vient de se dérouler concernant la nomination des nouveaux dirigeants de l’Union européenne ne fait que confirmer que la France n’assure pas de réel commandement. On est bien loin de la France leader de l’Europe!


» LIRE AUSSI - Conseil européen: «Le retour du Macron Show!»


Enfin, sur le plan militaire, on ne peut guère dresser un meilleur tableau puisque si heureusement, il n’y a pas eu de conflits armés entre les États membres, chose à laquelle l’existence de l’Union a contribué, il n’existe pas d’armée européenne avec à sa tête des généraux français ni de réelles interventions militaires européennes sur les autres continents. En effet, l’OTAN, sous la direction états-unienne, demeure le principal organisme de défense du continent vis-à-vis des potentielles menaces extérieures, principalement la Russie à l’heure actuelle. Or, la France a réintégré sous la Présidence de Nicolas Sarkozy son commandement intégré, mettant fin à la parenthèse d’indépendance (toute relative) gaullienne. Par ailleurs, les interventions à l’étranger, en particulier en Afrique, se font toujours essentiellement sous pavillon français, d’autant que l’Union européenne n’a pas de politique étrangère commune, chacun de ses États membres ayant des intérêts divergents. Ceci explique pourquoi la France n’obtient, bien souvent, pas le soutien escompté lors de ses opérations militaires au-delà des frontières du continent. Si la puissance militaire française n’a pas décliné, on ne peut dire qu’elle se soit étendue grâce à l’Union européenne, mais bien plutôt qu’elle est rentrée dans le rang.

La politique gaullienne est un échec total.

À l’arrivée, quel que soit le domaine étudié, le constat est implacable, la politique gaullienne qui visait à faire de l’Europe une France en plus grand est un échec total, puisqu’en 2019, c’est plutôt à une France en plus petit que nous avons affaire. Ce déclin de la puissance hexagonale au sein de l’Europe ne peut être attribué uniquement à la mise en place et au fonctionnement de cette institution, mais s’explique en partie par nous-même. Nos élites n’ont jamais été à la hauteur des enjeux, adoptant l’ultra-libéralisme par paresse intellectuelle, ne défendant pas la culture française par haine de soi ou encore, étant incapables d’exercer un leadership politique sans arrogance. Quels enseignements devons-nous en tirer? Tout d’abord, il faut absolument résister aux velléités de certains de quitter l’Union européenne qui reste, malgré tous ses défauts, un espace de discussion indispensable et un ensemble civilisationnel partageant une histoire et des valeurs communes. En revanche, il faut revoir de fond en comble le rapport que la France entretient avec cette institution. Nous devons nous interroger sur les objectifs que nous souhaitons lui accorder et sur les raisons qui expliquent que nous n’ayons pas su en tirer meilleur profit par rapport à nos ambitions de départ, il est vrai, exagérées.


http://www.lefigaro.fr/vox/politique/le-lent-declin-de-la-puissance-francaise-en-europe-20190704





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Message par jeanpil Ven 5 Juil - 15:16

"Laurent Chalard est géographe à l’European Centre for International Affairs."


Encore un gars qui contribue largement par sa sueur à l'économie française.


"Cette histoire se passait il y a bien longtemps. Ses protagonistes ne sont que poussière à présent".
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