Forum + +
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Pack Booster Bundle Pokémon Trick or Trade 2023 ...
Voir le deal
19.99 €
Le deal à ne pas rater :
Manga Fire Force : une jaquette Collector pour le Tome 32 de Fire ...
Voir le deal

Pourquoi cet innocent intérieur cache une histoire… gore

Aller en bas

Pourquoi cet innocent intérieur cache une histoire… gore Empty Pourquoi cet innocent intérieur cache une histoire… gore

Message par Invité Ven 15 Mar 2019 - 12:25

Sous ses airs sereins, cette scène de genre d’inspiration hollandaise recèle une histoire à faire frissonner les plus délicats d’entre nous. Où des cœurs embaumés de la famille royale française et des momies égyptiennes finissent broyés… Disséquons les matériaux les plus étranges des peintres du XIXe siècle.

Pourquoi cet innocent intérieur cache une histoire… gore Bridgeman.42096-1300x1034


Martin Drölling, Intérieur de cuisine, 1815


 

 
Deux femmes à la couture dans une cuisine (un peu négligée). Une enfant qui joue avec un chat. Une lumière douce qui surgit de la fenêtre. Tout cela est typique des scènes de genre du siècle d’or hollandais, que le peintre alsacien du XIXe siècle Martin Drölling veut ici évoquer. D’accord, ce charmant petit tableau conservé au musée du Louvre ne vous a sans doute pas tapé dans l’œil… Et pourtant ! Intérieur de cuisine est une œuvre assez sensationnelle : elle aurait été réalisée avec des organes de familles royales étalés à sa surface !

Ce n’est pas une plaisanterie. L’histoire est même attestée par de nombreux documents conservés aux Archives nationales (pièces cotées 03 623). On y lit comment, en 1793, l’architecte Louis-François Petit-Radel est chargé, dans la tourmente de la Révolution française, de disperser les quarante-cinq cœurs de princes et de princesses de la maison de France et des rois Louis XIII et Louis XIV. Pour accomplir sa tâche, l’architecte a vendu les restes funèbres à des peintres amis, tel Martin Drölling, qui en a acheté une douzaine…

Les cœurs ont sûrement fini en bouillie ! Coagulés, ils pouvaient servir à concocter un peu de « mummie ». De quoi s’agit-il ? D’une mixture organique ayant trempé dans des aromates et de l’alcool. Fondue dans la couleur avec de l’huile, elle fournit un formidable glacis brun aux tableaux. Et il y a fort à parier que l’intérieur de Drölling n’est pas le seul tableau peint à partir de restes humains !

De beaux restes


À commencer par la palette de Delacroix. L’auteur de La Liberté guidant le peuple appréciait le « brun de momie », ce pigment lui aussi composé d’organes : de la chair de momie, de la poix blanche et de la myrrhe. Vendus jusqu’au milieu du XXe siècle chez les marchands de couleurs, ces matériaux sont recherchés pour leurs nuances brunes et leur transparence. Broyer des momies ? Cette tendance macabre est d’abord née dans la pharmacopée. Transformées en onguents ou en boisson dès le milieu du XVIe siècle, les momies sont à l’origine prisées pour leurs vertus curatives et mystiques.




Pourquoi cet innocent intérieur cache une histoire… gore Leemage.dea11127808-964x657

Momie de l’Égypte antique

En pleine vogue de l’égyptomanie, portée par les campagnes de Napoléon, la poudre de momie quitte les boutiques des apothicaires pour ressusciter sur les chevalets. C’est l’époque où la gentry européenne expose des momies dans son Salon, comme en est témoin Théophile Gautier. Bien sûr, les affaires vont bon train et les momies s’arrachent à prix d’or, ainsi que le laisse supposer cette annonce publiée en 1904 outre-Manche dans le Daily Mail : « Une momie de monarque égyptien âgée de 2 000 ans peut être utilisée pour orner une noble fresque de Westminster Hall… sans offenser le fantôme des messieurs décédés ou ses descendants. »




Pourquoi cet innocent intérieur cache une histoire… gore Index_mummy_04

Tube de pigment de « brun de momie » vendu par C.Roberson dans les années 1900



Et les peintres ? Croyaient-ils au pouvoir de leur pigment peu ragoûtant ? Difficile de répondre. Encore fallait-il savoir ! C’est au cours d’un déjeuner dominical que le préraphaélite Edward Burne-Jones apprend en conversant avec son confrère Lawrence Alma-Tadema ce que contiennent ses tubes de nuances brunes… Sa réaction est consignée par Rudyard Kipling, qui était alors garçonnet. Aussi horrifié que dégoûté, Edward Burne-Jones se précipite aussitôt dans son jardin pour enterrer ses matériaux macabres. « Nous sommes donc tous allés l’aider – selon les rites de Mitsraïm et de Memphis […] », raconte Kipling dans son autobiographie. De nos jours, on peut toujours dégoter des nuances « momies » chez les revendeurs en fournitures beaux-arts : une chimie d’oxyde de fer, de carbonate de calcium et de kaolin. Garantie sans fantômes !

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum