"Eurodéputés, sanctionnez mon pays !"
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"Eurodéputés, sanctionnez mon pays !"
"Eurodéputés, sanctionnez mon pays !" : la supplique d'un chef d'orchestre hongrois
Mercredi 12 septembre, le Parlement européen votera pour déterminer s'il convient de déclencher l'article 7 du traité de l'Union européenne contre la Hongrie. L'article 7 est la clause établissant les sanctions contre les pays membres lorsqu'ils ont bafoué les valeurs fondatrices de l'UE que sont le respect de la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l'égalité, la primauté du droit et les droits des minorités. En tant que membre du Comité Helsinki hongrois, je conseille vivement aux députés de voter "oui".
J'ai rejoint le Comité Helsinki hongrois il y a plus de vingt ans. Depuis la création du premier Comité, en Union soviétique en 1976, nous avons œuvré pour défendre les droits de l'homme contre les abus, y compris ceux que commettaient les gouvernements socialistes. Mais le pouvoir actuel en Hongrie a adopté des réglementations qui rendent impossible le travail critique de toute ONG comme la nôtre. Les ONG sont un élément essentiel de la société civile dans toute démocratie, car celle-ci a besoin de ces contre-pouvoirs. Nous devons nous battre pour leur permettre de fonctionner en Hongrie, tout comme nous devons lutter pour la liberté d'expression et d'association partout dans le monde.
Les droits de l'homme sont attaqués par des mouvements populistes et nationalistes, non seulement en Hongrie mais dans le monde entier – en France, Italie, en Pologne, aux Etats-Unis et ailleurs. Ces forces encouragent au repli, à l'étroitesse d'esprit, au rejet de tout ce qui vient de l'étranger, qu’il s’agisse d’une idée ou d’un migrant sur un bateau. Or les défis d'aujourd'hui et de demain sont internationaux – du changement climatique à la migration – et ils sont étroitement liés. Les gouvernements nationaux ne peuvent pas les aborder seuls et ne devraient pas agir unilatéralement.
Le monde, je dis cela en connaissance de cause, a besoin de chefs d'orchestre pour fonctionner. Le chef d’orchestre veille à ce que tous soient en harmonie. Imagine-t-on que les premiers violons jouent à leur propre rythme, indépendamment des autres musiciens ? C'est pourtant ce que suggère le credo populiste comme "L’Amérique d’abord"... Le Parlement européen doit jouer ce rôle de direction et de coordination. Les députés ont une opportunité (et je pense l'obligation) de sauver la Hongrie de sa propre dissonance populiste.
J'ai eu le privilège de diriger Wagner à Bayreuth, Mozart à Salzbourg et Verdi à Milan. Dans ces productions d'opéra, des chanteurs et des musiciens du monde entier travaillent ensemble. La musique a toujours été un métier international. Au 18e siècle, l’Allemand Haendel habitait à Londres et l’Italien Salieri à Vienne. A cette époque, la plupart des autres gens vivaient toute leur vie dans la ville ou le village où ils étaient nés. La musique ne dépend d'aucune langue ; elle rassemble les gens au fur et à mesure, ce qui nous oblige à parler au nom de personnes qui n'ont aucune voix.
La Hongrie est l’un des pays les moins internationalisés de l’UE, avec un faible taux d’apprentissage des langues étrangères. Si rien n’est fait, le gouvernement continuera à affaiblir le pluralisme et à marginaliser encore davantage les minorités sans voix. Nous, le Comité Helsinki, luttons contre cette évolution. Nous nous battons ainsi pour que soit protégée l'Université d'Europe centrale à Budapest, menacée de fermeture par le gouvernement.
Cet été, à Budapest, le chauffeur d'un taxi m'a expliqué que tous les migrants étaient des terroristes et que la pire des choses que pouvait faire un gouvernement était de les autoriser à entrer dans le pays. De tels propos, et notamment cette idée que la migration ferait partie d’un complot international, empoisonnent un pays. Il vaudrait mieux débattre des réels dangers du populisme, qui préfère laisser mourir les migrants en mer plutôt que de les secourir. Soutenir l’article 7 encouragerait notre pays à regarder au-delà de la propagande insidieuse du gouvernement qui a si mal informé mon chauffeur de taxi.
Les arguments contre les groupes qui défendent les droits de l'homme font écho à ceux qu'on entendait il y a quarante ans, sous le communisme, et il y a quatre-vingts ans, sous le nazisme. Les techniques du pouvoir autocratique sont les mêmes et la liberté est de nouveau en danger en Europe. En votant "oui" le 12 septembre, le Parlement européen peut montrer qu'il est conscient non seulement de notre passé collectif mais aussi de la nécessité d'un avenir de coopération, et qu'il est prêt à se placer avec nous du bon côté de l'Histoire.
Adam Fischer
Adam Fischer, chef d'orchestre hongrois, est directeur musical général de l'Orchestre austro-hongrois Haydn, chef d'orchestre principal de l'Orchestre national de chambre danois et chef d'orchestre principal de l’Orchestre symphonique de Düsseldorf.
TRIBUNE. Alors que le Parlement européen se prononce mercredi sur le déclenchement de l'article 7 contre la Hongrie de Viktor Orban pour violation de l'Etat de droit, Adam Fischer estime qu'il ne faut rien céder aux mouvements populistes et nationalistes. Et pas seulement en Hongrie.
Par Adam FischerMercredi 12 septembre, le Parlement européen votera pour déterminer s'il convient de déclencher l'article 7 du traité de l'Union européenne contre la Hongrie. L'article 7 est la clause établissant les sanctions contre les pays membres lorsqu'ils ont bafoué les valeurs fondatrices de l'UE que sont le respect de la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l'égalité, la primauté du droit et les droits des minorités. En tant que membre du Comité Helsinki hongrois, je conseille vivement aux députés de voter "oui".
J'ai rejoint le Comité Helsinki hongrois il y a plus de vingt ans. Depuis la création du premier Comité, en Union soviétique en 1976, nous avons œuvré pour défendre les droits de l'homme contre les abus, y compris ceux que commettaient les gouvernements socialistes. Mais le pouvoir actuel en Hongrie a adopté des réglementations qui rendent impossible le travail critique de toute ONG comme la nôtre. Les ONG sont un élément essentiel de la société civile dans toute démocratie, car celle-ci a besoin de ces contre-pouvoirs. Nous devons nous battre pour leur permettre de fonctionner en Hongrie, tout comme nous devons lutter pour la liberté d'expression et d'association partout dans le monde.
Les députés ont une opportunité (et je pense l'obligation) de sauver la Hongrie de sa propre dissonance populiste.
Les droits de l'homme sont attaqués par des mouvements populistes et nationalistes, non seulement en Hongrie mais dans le monde entier – en France, Italie, en Pologne, aux Etats-Unis et ailleurs. Ces forces encouragent au repli, à l'étroitesse d'esprit, au rejet de tout ce qui vient de l'étranger, qu’il s’agisse d’une idée ou d’un migrant sur un bateau. Or les défis d'aujourd'hui et de demain sont internationaux – du changement climatique à la migration – et ils sont étroitement liés. Les gouvernements nationaux ne peuvent pas les aborder seuls et ne devraient pas agir unilatéralement.
Le monde, je dis cela en connaissance de cause, a besoin de chefs d'orchestre pour fonctionner. Le chef d’orchestre veille à ce que tous soient en harmonie. Imagine-t-on que les premiers violons jouent à leur propre rythme, indépendamment des autres musiciens ? C'est pourtant ce que suggère le credo populiste comme "L’Amérique d’abord"... Le Parlement européen doit jouer ce rôle de direction et de coordination. Les députés ont une opportunité (et je pense l'obligation) de sauver la Hongrie de sa propre dissonance populiste.
J'ai eu le privilège de diriger Wagner à Bayreuth, Mozart à Salzbourg et Verdi à Milan. Dans ces productions d'opéra, des chanteurs et des musiciens du monde entier travaillent ensemble. La musique a toujours été un métier international. Au 18e siècle, l’Allemand Haendel habitait à Londres et l’Italien Salieri à Vienne. A cette époque, la plupart des autres gens vivaient toute leur vie dans la ville ou le village où ils étaient nés. La musique ne dépend d'aucune langue ; elle rassemble les gens au fur et à mesure, ce qui nous oblige à parler au nom de personnes qui n'ont aucune voix.
Si rien n’est fait, le gouvernement continuera à affaiblir le pluralisme et à marginaliser encore davantage les minorités sans voix
La Hongrie est l’un des pays les moins internationalisés de l’UE, avec un faible taux d’apprentissage des langues étrangères. Si rien n’est fait, le gouvernement continuera à affaiblir le pluralisme et à marginaliser encore davantage les minorités sans voix. Nous, le Comité Helsinki, luttons contre cette évolution. Nous nous battons ainsi pour que soit protégée l'Université d'Europe centrale à Budapest, menacée de fermeture par le gouvernement.
Cet été, à Budapest, le chauffeur d'un taxi m'a expliqué que tous les migrants étaient des terroristes et que la pire des choses que pouvait faire un gouvernement était de les autoriser à entrer dans le pays. De tels propos, et notamment cette idée que la migration ferait partie d’un complot international, empoisonnent un pays. Il vaudrait mieux débattre des réels dangers du populisme, qui préfère laisser mourir les migrants en mer plutôt que de les secourir. Soutenir l’article 7 encouragerait notre pays à regarder au-delà de la propagande insidieuse du gouvernement qui a si mal informé mon chauffeur de taxi.
Les arguments contre les groupes qui défendent les droits de l'homme font écho à ceux qu'on entendait il y a quarante ans, sous le communisme, et il y a quatre-vingts ans, sous le nazisme. Les techniques du pouvoir autocratique sont les mêmes et la liberté est de nouveau en danger en Europe. En votant "oui" le 12 septembre, le Parlement européen peut montrer qu'il est conscient non seulement de notre passé collectif mais aussi de la nécessité d'un avenir de coopération, et qu'il est prêt à se placer avec nous du bon côté de l'Histoire.
Adam Fischer
Adam Fischer, chef d'orchestre hongrois, est directeur musical général de l'Orchestre austro-hongrois Haydn, chef d'orchestre principal de l'Orchestre national de chambre danois et chef d'orchestre principal de l’Orchestre symphonique de Düsseldorf.
Je suis responsable de ce que j'écris, pas de ce que tu comprends
Re: "Eurodéputés, sanctionnez mon pays !"
https://www.nouvelobs.com/monde/20180907.OBS2009/eurodeputes-sanctionnez-mon-pays-la-supplique-d-un-chef-d-orchestre-hongrois.html
On sait que cet appel restera vain, la Pologne, l'Italie voteront contre.
On sait que cet appel restera vain, la Pologne, l'Italie voteront contre.
Je suis responsable de ce que j'écris, pas de ce que tu comprends
Re: "Eurodéputés, sanctionnez mon pays !"
Ce sont les euro députés qui votentNadou a écrit:https://www.nouvelobs.com/monde/20180907.OBS2009/eurodeputes-sanctionnez-mon-pays-la-supplique-d-un-chef-d-orchestre-hongrois.html
On sait que cet appel restera vain, la Pologne, l'Italie voteront contre.
Invité- Invité
Re: "Eurodéputés, sanctionnez mon pays !"
magicfly a écrit:Ce sont les euro députés qui votentNadou a écrit:https://www.nouvelobs.com/monde/20180907.OBS2009/eurodeputes-sanctionnez-mon-pays-la-supplique-d-un-chef-d-orchestre-hongrois.html
On sait que cet appel restera vain, la Pologne, l'Italie voteront contre.
J'ai entendu Guillaume Larrivé, exliquer que s'il était euro-député, il voterait contre la sanction, en vertu du fait que l'Europe devait s'occuper d'économie mais pas de valeurs.
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Re: "Eurodéputés, sanctionnez mon pays !"
Nadou a écrit:magicfly a écrit:
Ce sont les euro députés qui votent
J'ai entendu Guillaume Larrivé, exliquer que s'il était euro-député, il voterait contre la sanction, en vertu du fait que l'Europe devait s'occuper d'économie mais pas de valeurs.
C'est logique --
Notre vie est un voyage constant, de la naissance à la mort, le paysage change, les gens changent, les besoins se transforment, mais le train continue. La vie, c'est le train, ce n'est pas la gare.
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