Epargne - retraite : Le grand bazar...
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Epargne - retraite : Le grand bazar...
Malgré un taux d’épargne élevé chez les ménages français, l’offre dans ce domaine est (trop) abondante jusqu’à en devenir illisible, ce qui nuit à une bonne commercialisation, une bonne orientation des placements et une bonne adéquation aux besoins des épargnants.
Assurément, les Français sont davantage fourmis que cigales : avec une épargne représentant 15,5% de leur revenu disponible, ils se situent à la deuxième marche du podium européen derrière les Allemands. Mais pour placer ce pactole de quelque 4 250 Md€, ils ont le choix entre des dizaines de dispositifs très hétéroclites, du simple Livret A, détenu par 95% des Français (63 millions de livrets en circulation, pas forcément remplis), à des produits plus confidentiels comme le plan d’épargne retraite populaire (Perp) diffusé « seulement » auprès de 2,2 millions d’assurés. Chacun de ces dispositifs répond a priori à une utilité propre. « Il se produit un véritable parcours d’épargne : le livret bancaire conduit au PEL, le PEL conduit au logement, après le logement, vient l’assurance vie et la retraite », selon l’économiste Jean-Paul Betbèze, intervenant lors d’une conférence du Cercle des épargnants en avril.
Dans les faits, ce n’est pas aussi linéaire. Pour beaucoup de spécialistes, l’abondance de solutions d’épargne conduit plutôt à une certaine confusion. Entre réglementation et fiscalité différentes, distribution hétérogène, risques et horizons de placement qui s’entremêlent, sortie en rente ou en capital (lire le tableau page 38), il est difficile de s’y retrouver. « Seul un professionnel peut maîtriser toutes les règles de fonctionnement des différents produits d’épargne. Et encore, même de notre côté, on s’y perd parfois », reconnaît Olivier de Fontenay, associé fondateur du cabinet spécialisé en épargne et retraite Eres, avant d’ajouter : « À cause de cette hétérogénéité, les épargnants finissent par confondre les dispositifs et leur utilité. La majorité est ainsi persuadée que tous les produits peuvent être utilisés en vue de la retraite, y compris leur Livret A. »
Mais ce n’est pas la seule mauvaise trajectoire. Selon le dernier Observatoire des retraites européennes d’Eres, le produit plébiscité par les Français pour préparer leur retraite est l’assurance vie (45% des encours), loin devant l’épargne retraite collective (13%) et individuelle (8%). « Or, l’assurance vie n’est pas, à proprement parler, un produit retraite », estime Patrice Bonin, vice-président de la commission plénière des assurances de personnes à la FFSA. Avec ses 1 522 Md€ d’encours fin 2014, dont 85 % dans les fonds en euros, ce placement phare laisse peu de place à toutes les autres solutions d’épargne, et pas uniquement celles destinées à la retraite. «Il est tout naturel pour les Français d’aller vers ce qu’ils connaissent le mieux, c’est-à-dire l’assurance vie. C’est aussi le placement qui reçoit le plus grand nombre de satisfecits», remarque Philippe Crevel, animateur du Cercle de l’épargne et économiste chez Lorello Ecodata.
Les Français n’ont pas forcément tort, car, en termes de rapport rendement-risque, le fonds en euros de l’assurance vie a peu de rivaux. Dans son Baromètre 2015 de l’épargne-vie individuelle, Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Facts & Figures, a calculé que «depuis vingt ans, le fonds en euros a rapporté 4,35% par an», bien davantage que le Livret A.
Détournement de fonction
Il n’empêche, souscrire à d’autres produits est sans doute plus adéquat à certains moments de la vie, à l’instar du plan d’épargne logement (PEL), conçu pour accéder plus facilement au crédit immobilier, tandis que l’assurance vie, à la fiscalité seulement avantageuse au bout de huit ans, a été créée afin de transmettre son patrimoine sans impôt. Ou même du plan d’épargne retraite collectif (Perco) qui, avec le mot « retraite » dans son appellation, crée une confusion dans l’esprit des épargnants. « Or, moins de 0,5% des détenteurs d’un Perco l’utilisent pour financer un revenu viager de retraite, nombre de personnes préférant l’employant pour financer l’achat d’une résidence principale ou disposer d’un capital. Ce qui, au final, est handicapant pour le développement de la retraite supplémentaire », détaille Patrice Bonin. « En fait, la question n’est pas de savoir s’il y a trop de produits d’épargne, mais plutôt de déterminer s’ils répondent à des besoins spécifiques avec efficacité », ajoute Gilles Ulrich, directeur général du Conservateur.
Trop d’argent dormant
Dans ce marché éparpillé, les épargnants ne sont toutefois pas les seuls à être désorientés. « C’est compliqué de faire correctement son acte de conseil, car nous n’avons pas toutes les informations sur l’ensemble des produits détenus par nos clients, notamment dans le cadre professionnel, explique Olivier de Fontenay. Si bien que l’on arrive à des situations où des personnes peuvent être surcouvertes, par exemple en “Madelin”, en ayant même parfois dépassé les plafonds autorisés. »
Autre conséquence inattendue : dépassés par la complexité de cette offre pléthorique, les ménages conservent de plus en plus leur épargne… sur leurs comptes courants ! En quinze ans, le montant de ces dépôts a triplé, passant d’un peu plus de 100 Md€ fin 1999 à 345 Md€ fin 2014. De quoi faire réfléchir les professionnels de l’épargne, mais aussi les pouvoirs publics, qui préféreraient certainement voir cet argent financer l’économie réelle plutôt que de dormir dans le coffre des banques.
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(Source : Banque de France.)
(Source : Banque de France.)
(Source : AFG, fin 2014)
(Source : DREES, fin 2013)
(Source : FFSA, fin 2014)
(Source : Banque de France, fin 2014)
(Source : Banque de France, fin 2014)
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[size=36]DANS CE DOSSIER
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Assurément, les Français sont davantage fourmis que cigales : avec une épargne représentant 15,5% de leur revenu disponible, ils se situent à la deuxième marche du podium européen derrière les Allemands. Mais pour placer ce pactole de quelque 4 250 Md€, ils ont le choix entre des dizaines de dispositifs très hétéroclites, du simple Livret A, détenu par 95% des Français (63 millions de livrets en circulation, pas forcément remplis), à des produits plus confidentiels comme le plan d’épargne retraite populaire (Perp) diffusé « seulement » auprès de 2,2 millions d’assurés. Chacun de ces dispositifs répond a priori à une utilité propre. « Il se produit un véritable parcours d’épargne : le livret bancaire conduit au PEL, le PEL conduit au logement, après le logement, vient l’assurance vie et la retraite », selon l’économiste Jean-Paul Betbèze, intervenant lors d’une conférence du Cercle des épargnants en avril.
Dans les faits, ce n’est pas aussi linéaire. Pour beaucoup de spécialistes, l’abondance de solutions d’épargne conduit plutôt à une certaine confusion. Entre réglementation et fiscalité différentes, distribution hétérogène, risques et horizons de placement qui s’entremêlent, sortie en rente ou en capital (lire le tableau page 38), il est difficile de s’y retrouver. « Seul un professionnel peut maîtriser toutes les règles de fonctionnement des différents produits d’épargne. Et encore, même de notre côté, on s’y perd parfois », reconnaît Olivier de Fontenay, associé fondateur du cabinet spécialisé en épargne et retraite Eres, avant d’ajouter : « À cause de cette hétérogénéité, les épargnants finissent par confondre les dispositifs et leur utilité. La majorité est ainsi persuadée que tous les produits peuvent être utilisés en vue de la retraite, y compris leur Livret A. »
Mais ce n’est pas la seule mauvaise trajectoire. Selon le dernier Observatoire des retraites européennes d’Eres, le produit plébiscité par les Français pour préparer leur retraite est l’assurance vie (45% des encours), loin devant l’épargne retraite collective (13%) et individuelle (8%). « Or, l’assurance vie n’est pas, à proprement parler, un produit retraite », estime Patrice Bonin, vice-président de la commission plénière des assurances de personnes à la FFSA. Avec ses 1 522 Md€ d’encours fin 2014, dont 85 % dans les fonds en euros, ce placement phare laisse peu de place à toutes les autres solutions d’épargne, et pas uniquement celles destinées à la retraite. «Il est tout naturel pour les Français d’aller vers ce qu’ils connaissent le mieux, c’est-à-dire l’assurance vie. C’est aussi le placement qui reçoit le plus grand nombre de satisfecits», remarque Philippe Crevel, animateur du Cercle de l’épargne et économiste chez Lorello Ecodata.
Les Français n’ont pas forcément tort, car, en termes de rapport rendement-risque, le fonds en euros de l’assurance vie a peu de rivaux. Dans son Baromètre 2015 de l’épargne-vie individuelle, Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Facts & Figures, a calculé que «depuis vingt ans, le fonds en euros a rapporté 4,35% par an», bien davantage que le Livret A.
Détournement de fonction
Il n’empêche, souscrire à d’autres produits est sans doute plus adéquat à certains moments de la vie, à l’instar du plan d’épargne logement (PEL), conçu pour accéder plus facilement au crédit immobilier, tandis que l’assurance vie, à la fiscalité seulement avantageuse au bout de huit ans, a été créée afin de transmettre son patrimoine sans impôt. Ou même du plan d’épargne retraite collectif (Perco) qui, avec le mot « retraite » dans son appellation, crée une confusion dans l’esprit des épargnants. « Or, moins de 0,5% des détenteurs d’un Perco l’utilisent pour financer un revenu viager de retraite, nombre de personnes préférant l’employant pour financer l’achat d’une résidence principale ou disposer d’un capital. Ce qui, au final, est handicapant pour le développement de la retraite supplémentaire », détaille Patrice Bonin. « En fait, la question n’est pas de savoir s’il y a trop de produits d’épargne, mais plutôt de déterminer s’ils répondent à des besoins spécifiques avec efficacité », ajoute Gilles Ulrich, directeur général du Conservateur.
Trop d’argent dormant
Dans ce marché éparpillé, les épargnants ne sont toutefois pas les seuls à être désorientés. « C’est compliqué de faire correctement son acte de conseil, car nous n’avons pas toutes les informations sur l’ensemble des produits détenus par nos clients, notamment dans le cadre professionnel, explique Olivier de Fontenay. Si bien que l’on arrive à des situations où des personnes peuvent être surcouvertes, par exemple en “Madelin”, en ayant même parfois dépassé les plafonds autorisés. »
Autre conséquence inattendue : dépassés par la complexité de cette offre pléthorique, les ménages conservent de plus en plus leur épargne… sur leurs comptes courants ! En quinze ans, le montant de ces dépôts a triplé, passant d’un peu plus de 100 Md€ fin 1999 à 345 Md€ fin 2014. De quoi faire réfléchir les professionnels de l’épargne, mais aussi les pouvoirs publics, qui préféreraient certainement voir cet argent financer l’économie réelle plutôt que de dormir dans le coffre des banques.
Les inconvénients d’Une offre abondante
- Pour les épargnants : une méconnaissance des produits adaptés à leurs besoins et à leurs intérêts financiers.
- Pour les acteurs de l’épargne : une difficulté à exercer correctement leur devoir de conseil.
- Pour les pouvoirs publics : une épargne insuffisamment mobilisée vers le financement de l’économie réelle.
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4 259 Md€
L’encours des placements financiers des ménages à fin 2014 (épargne bancaire et financière, y compris actions cotées, non cotés, PEA, etc.).(Source : Banque de France.)
15,5%
Le taux d’épargne des ménages français à fin 2014, en léger progrès par rapport à leur revenu disponible (15,1% en 2013).(Source : Banque de France.)
Épargne salariale
110 Md€(Source : AFG, fin 2014)
Épargne retraite
185,5 Md€(Source : DREES, fin 2013)
Assurance vie
1 522 Md€(Source : FFSA, fin 2014)
Épargne réglementée (livrets et épargne logement)
574 Md€(Source : Banque de France, fin 2014)
Comptes courants
345 Md€(Source : Banque de France, fin 2014)
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[size=36]DANS CE DOSSIER
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- Epargne - retraite : Le grand bazar...
- Innovation - Digital : … et ce n’est pas fini
- Phulippe Crevel : « L’idée d’une simplification serait la bienvenue »
https://www.argusdelassurance.com/acteurs/epargne-retraite-le-grand-bazar.96006
Notre vie est un voyage constant, de la naissance à la mort, le paysage change, les gens changent, les besoins se transforment, mais le train continue. La vie, c'est le train, ce n'est pas la gare.
ledevois- Messages : 21425
Date d'inscription : 03/07/2017
Age : 84
Localisation : Cévennes France--Tarragone catalogne
Re: Epargne - retraite : Le grand bazar...
Mais non,c'est tout simple!
Vous placez ou vous voulez,y aura pas d’intérêts..........
Vous placez ou vous voulez,y aura pas d’intérêts..........
Invité- Invité
Re: Epargne - retraite : Le grand bazar...
Zerbinette a écrit:Mais non,c'est tout simple!
Vous placez ou vous voulez,y aura pas d’intérêts..........
Bien sur qu'il y a des intérêts -- c'est mieux que le matelas --- faut prendre quelques risques parfois , mais bien renseigné ça fonctionne zerbinette --
Notre vie est un voyage constant, de la naissance à la mort, le paysage change, les gens changent, les besoins se transforment, mais le train continue. La vie, c'est le train, ce n'est pas la gare.
ledevois- Messages : 21425
Date d'inscription : 03/07/2017
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